Macron dit des nouvelles "positives" sur les enfants blessés dans l'attaque au couteau en France
Annecy (France) (AFP) – Le président français Emmanuel Macron a déclaré vendredi que la santé des enfants d’âge préscolaire grièvement blessés dans une attaque massive au couteau par un réfugié syrien « allait dans la bonne direction », l’attaquant refusant de coopérer avec la police.
Publié le: 08/06/2023 - 13:14Modifié: 09/06/2023 - 20:40
Quatre enfants - âgés de 22 mois à trois ans - ont été poignardés jeudi dans une aire de jeux de la ville alpine d’Annecy, un endroit normalement idyllique au bord du lac populaire auprès des touristes.
Alors que les médias sociaux inondaient d’éloges pour les secouristes et qu’un homme salué comme un héros pour avoir chassé l’attaquant de la zone, des sources proches de l’enquête ont déclaré que l’attaquant restait « totalement silencieux » et « entravait la justice ».
Les procureurs ont insisté sur le fait qu’ils ne voyaient pas de motif terroriste dans l’attaque, mais le saccage a intensifié les tensions en France sur l’immigration, les politiciens de droite s’emparant des origines du suspect.
Macron et son épouse Brigitte sont arrivés à Grenoble, dans le sud-est du pays, où trois des enfants sont soignés.
« Tout ce qu’on m’a dit va dans la bonne direction », a-t-il déclaré à Annecy après avoir rendu visite aux bambins blessés à l’hôpital, ajoutant que les nouvelles sur leur état étaient « positives ».
« Attaquer des enfants est l’acte le plus barbare qui soit », a-t-il déclaré, soulignant sa « fierté » pour le travail des sauveteurs.
Le quatrième enfant, un citoyen néerlandais, se trouve dans un hôpital suisse de l’autre côté de la frontière à Genève. Elle est « hors de danger », a déclaré le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Wopke Hoekstra.
L’une des victimes est britannique et les autres françaises.
Macron a également rencontré les civils salués comme des héros pour avoir chassé l’attaquant de la cour de récréation.
« Priez pour les enfants, je vais bien », a écrit Henri, l’un de ceux qui sont intervenus, sur Instagram alors que le hashtag #MerciHenri tendance sur les réseaux sociaux.
Henri s’est joint à des centaines de fidèles lors d’une messe célébrée vendredi pour les victimes.
Un sanctuaire impromptu a émergé pendant la nuit dans le parc, où les gens ont placé des bougies, des fleurs et des messages.
« Nous ne sommes pas préparés à ce genre d’événements », a déclaré Leo Ganassali, 21 ans, alors qu’il déposait des fleurs.
« Je suis venu enfant pour jouer dans ce parc et le voir en deuil est très, très difficile. »
L’assaillant, vêtu de noir et portant une lame d’environ 10 centimètres (quatre pouces) de long, pouvait être entendu crier « au nom de Jésus-Christ », selon une vidéo prise par un passant et vue par l’AFP.
La procureure régionale Line Bonnet-Mathis a déclaré que la détention du suspect, nommé Abdalmasih H., qui fait l’objet d’une enquête pour tentative de meurtre, avait été prolongée après un examen psychiatrique.
Récemment divorcé d’un ressortissant suédois et âgé de 30 ans, le suspect vivait depuis 10 ans en Suède où il avait obtenu le statut de réfugié en avril, ont indiqué à l’AFP des sources de sécurité et son ex-femme.
« Il m’a appelé il y a environ quatre mois. Il vivait dans une église », a déclaré son ex-femme, ajoutant qu’il avait quitté le pays parce qu’il n’avait pas pu obtenir la nationalité suédoise.
Le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a déclaré à TF1 que « pour des raisons mal expliquées, il avait également demandé l’asile en Suisse, en Italie et en France ».
Il est apparu que sa demande en France avait été rejetée dimanche dernier car il bénéficiait déjà du statut de réfugié en Suède, ce que Darmanin a décrit comme une « coïncidence troublante ».
Des témoins ont décrit l’assaillant courant autour du parc sur les rives du lac d’Annecy portant un bandana et des lunettes de soleil, attaquant apparemment des gens au hasard. Des policiers armés l’ont arrêté sur les lieux.
Plusieurs observateurs se sont dits préoccupés par le fait que la vidéo de l’attaque ait circulé sur Twitter pendant plusieurs heures.
La France a subi une série d’attaques au cours de la dernière décennie, la plupart d’entre elles par des extrémistes islamiques.
Plus récemment, la décapitation d’un enseignant en plein jour en 2020 près de son école en banlieue parisienne par un réfugié tchétchène radicalisé a provoqué une vague de choc et un débat national sur l’influence de l’islam radical dans les zones défavorisées.
L’attaque de jeudi a suscité un nouveau débat sur la politique d’immigration et d’asile de la France.
Marine Le Pen, figure de proue du Rassemblement national (RN) d’extrême droite, a déclaré à la radio française que la France devrait « retrouver sa souveraineté » sur l’immigration.
Mais le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a déclaré que de tels débats étaient prématurés « quand nous sommes dans le temps de l’émotion, quand les enfants sont sur la table d’opération ».
La Première ministre Elisabeth Borne a invité « chacun à faire preuve de dignité dans ces circonstances ».
© AFP 2023